En 1885, Edmond Perrier commença son Traité de Zoologie, oeuvre magistrale de plusieurs milliers de pages. Son mémoire sur la Tachygénèse (ou accélération embryogénique) a eu un retentissement considérable sur les études embryologiques.
A dater du jour de son élection à la Direction du Muséum d'Histoire Naturelle, la vie d'Edmond Perrier fut partagée entre ses travaux scientifiques, qui devinrent de plus en plus synthétiques et philo-sophiques, et ses fonctions admini-stratives. Il s'occupa de la reconstruction des bâtiments surannés de notre établissement national. Il lutta surtout pour l'indépendance du Muséum, que l'Université de Paris cherchait à entraîner dans son orbe, mais qui devait, au contraire, dans sa pensée, conserver une existence propre, où les recherches scientifiques puissent se poursuivre librement, en dehors de l'enseignement théorique de la Sorbonne et parallèlement à lui.
Il organisa le Jardin colonial, développa les explorations de nos colonies, au point de vue de la faune et de la flore, de façon à enrichir, d'une part, les collections du Muséum, à préparer, d'autre part, la mise en œuvre des ressources de notre domaine colonial. Il dota le Muséum d'une des plus belles et des plus riches stations de biologie marine du monde, en fondant le laboratoire de Saint-Waastla-Hougue (Manche).
Il s'est fait dans cet établissement de nombreuses recherches purement scientifiques en même temps qu'on s'y est occupé activement de déterminer les données scientifiques applicables à la piscifacture. Ce faisant, Edmond Perrier fut conduit à s'intéresser aux pêches maritimes et il prit alors une part directrice très active à l'exploitation scientifique de notre domaine maritime et au développement de la pêche hauturière.
Au cours des dernières années de sa vie, Edmond Perrier s'est intéressé de la façon la plus active à la haute vulgarisation scientifique. Par de nombreux ouvrages, et surtout, depuis 1909, par son feuilleton périodique du journal Le Temps, sous le titre : Le Monde vivant, il s'est appliqué à faire pénétrer les idées biologiques qui lui étaient chères dans les milieux cultivés. Sa plume alerte, son langage clair et précis permettaient au lecteur le moins averti de pénétrer librement dans ce domaine en apparence si abstrait.
Son dernier ouvrage, La Terre avant l'histoire, d'une documentation extrêmement riche, plein d'idées nouvelles et de vues originales et ingénieuses, est comme le testament de l'illustre zoologiste, et témoigne de la persistante jeunesse de son activité intellectuelle.
Edmond Perrier n'était pas seulement un grand savant, c'était aussi un Corrézien, aimant passionnément sa petite patrie et la servant de toutes ses forces. Il était Corrézien dans l'âme et ne laissait aucune occasion de la faire sentir.
Malgré la renommée mondiale acquise par sa science, notre compatriote n'oublia jamais son origine et ses amis d'enfance. Il fut toujours dévoué aux intérêts corréziens. C'est ainsi que je me souviens de l'avoir vu défendre avec chaleur le maintien de la Manufacture d'armes de sa ville natale, lorsque cet établissement était menacé de disparaître.
En bien d'autres circonstances, Edmond Perrier fut utile à sa ville natale. Je citerai seulement la création des casernes de la Botte à Tulle, et le Lycée, dont nous nous occupions à la même époque, Perrier était avec nous et nous faisait ouvrir toutes les portes.
Mais il n'était pas seulement généreux de son temps et de sa notoriété pour son pays, il aidait ses compatriotes de tout son crédit. Et lorsqu'il fut élu président de la Société Corrézienne de Paris, il se dévoua sans mesure pour secourir ses compatriotes. Il est de notoriété publique que sa porte était toujours ouverte aux conseils et sa main aux infortunés. Jamais un Corrézien n'a en vain frappé chez lui.
Notre éminent compatriote fut président de l'Académie des Sciences en 1913, membre de l'Académie Royale des Sciences de Stockholm, des Académies de Lisbonne et de Madrid, docteur Honoris causa de l'Université d'Oxford, Président de l'Association Amicale des Anciens Élèves du Collège et du Lycée de Tulle, enfin président d'honneur de la Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze et de la Société des Lettres, Sciences et Arts de notre département. Il était commandeur de la Légion d'honneur et du Mérite Agricole.
Il décède à PARIS le 31 juillet 1921.